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[Récit] Mémoires du septième fléau

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[Récit] Mémoires du septième fléau Empty [Récit] Mémoires du septième fléau

Message par Gaedon Sorel Lun 9 Nov - 22:16

Le souvenir de Victoire

« Annulez toutes les manœuvres en cours des unités du Maelstrom, j'ordonne la retraite générale, effective immédiatement ! »

C’est dans une grande détresse que l’Amirale Merlwyb Bloefhiswyn avait dû prendre cette décision. L’horrible spectacle qui se déroulait sous ses yeux n’avait laissé d’autre choix à cette femme implacable que de commander à ses troupes d’abandonner la plaine de Carteneau.
La tentative d’arrêter la chute du satellite Dalamud grâce au pouvoir des douze divinités tutélaires d’Éorzéa avait échoué. Un sombre et gigantesque Primordial avait surgi du bolide, apportant la destruction et la terreur sur le champ de bataille, et même s’il restait un dernier espoir que le sage Louisoix puisse invoquer les Dieux, les stratégies militaires étaient désormais vaines contre la rage ancienne de Bahamut.

« Nos unités assureront les arrières. Laissez les aventuriers de l'infanterie spéciale évacuer en priorité ! »

Enfourchant son fidèle chocobo Victoire, Merlwyb avait ordonné qu’on épargne du terrible massacre les braves guerriers qui s’étaient joints au combat dans un élan d’altruisme pour défendre Éorzéa et ses habitants.

« Eynzahr ! Je vais rester avec l’unité principale pour coordonner notre repli ! Charge-toi de conduire nos hommes en lieu sûr ! »

Normalement, un subordonné empêcherait son supérieur de prendre de tels risques, mais le grand maréchal Eynzahr Slafyrsyn connaissait bien la détermination de la dame d'acier et il savait en lisant les traits de son visage qu’elle avait pris cette décision avec sang-froid. Pour cette raison, il avait accepté l’ordre sans broncher. C’est parce qu’elle appréciait particulièrement cette qualité qu’elle avait fait de lui son bras droit.

[Récit] Mémoires du septième fléau 1_ss_1

Portée par son imposant destrier, Merlwyb traversait le champ de bataille à toute vitesse. Les yeux de Victoire trahissaient une certaine peur, mais sans doute galvanisé par l’assurance de sa cavalière, il réfrénait ce sentiment qui menaçait de tétaniser ses puissants muscles et courait au galop.
Malgré le nom de bon augure qui avait été donné à la monture de l’Amirale, les troupes de l’Alliance Éorzéenne étaient désormais en déroute, chacun fuyant tant bien que mal devant le déluge de flammes et de métal qui frappait la plaine.
Merlwyb avait toutes les peines du monde à rediriger les unités désordonnées qu’elle croisait sur son chemin. C’est alors que, remontant le flux chaotique des replis, elle tomba sur un escadron aux prises avec les forces garlemaldaises. Elle reconnut immédiatement l’un des corps d’infanterie du Maelstrom composés d’anciens pirates.

« J’ai donné l’ordre de se replier ! Abandonnez le combat et retirez-vous ! »

Cette intervention de l’Amirale n’eut pas l’effet escompté sur Rhoswen, la chef d’un des trois équipages de corsaires limséens, les Sirènes sanguinaires. Brandissant son pistolet en mithril finement ouvragé, la belle rétorqua vivement en direction de Merlwyb.

« Tu sais combien des nôtres nous avons perdu !? Il est hors de question de fuir ! Ces chiens d’Impériaux doivent tous crever ! »

La mort de nombreux camarades avait fait perdre raison à Rhoswen, et elle n’avait plus que la vengeance en tête. Alors qu’elle continuait cet échange d’invectives avec l’Amirale, des renforts garlemaldais étaient venus se mêler à la bataille, rendant la situation encore plus difficile pour les pirates.

« Malédiction ! »

Sans perdre un instant, Merlwyb dégaina ses deux armes à feu fétiches, Peine capitale et Annihilateur, puis déclencha un véritable tir de barrage sur l’ennemi, abattant les soldats impériaux les uns après les autres.
Malgré le grondement du cataclysme que le Primordial Bahamut déchaînait dans les cieux, les coups de feu résonnaient dans les oreilles de la dame d’acier et des combattants autour d’elle. Néanmoins, l’Amirale comprit vite que ses adversaires étaient bien trop nombreux et qu’elle n’en viendrait pas à bout.
Dans sa lutte désespérée, elle n’avait pas vu s’approcher derrière elle une imposante masse, dont la taille dépassait aisément celle de Victoire. Ce monstre d’acier auquel les Impériaux avaient donné le nom d’armure magitek exhiba un puissant canon en ouvrant sa gueule. C’est à ce moment que Merlwyb réalisa son imprudence.

« Aaargh !! »

Elle frappa des pieds les flancs de sa monture avec urgence pour lui faire esquiver le tir de la machine de mort garlemaldaise. Ce mouvement brusque du chocobo souleva un nuage de poussière.
Déjà aveuglée, Merlwyb fut également assourdie par la détonation.
Entourée par ce soudain silence, elle se voyait tomber tout doucement, comme si elle avait été détachée de toute la furie du champ de bataille. Lorsqu’elle heurta enfin le sol, elle sentit du sang encore chaud à ses pieds, mais ce n’était pas le sien. En effet, l’obus tiré par l’armure magitek avait traversé la barde de Victoire, infligeant au volatile une blessure mortelle. Ce n’est que bien plus tard que l’Amirale le sut.

Le plafond de sa cabine est la première chose que Merlwyb vit en reprenant ses esprits.
Elle était à bord du Triomphe, le vaisseau étendard de la flotte du Maelstrom.

« G-grand maréchal ! L’Amirale s’est réveillée !! »

Le soldat aide-soignant avait à peine quitté la cabine que l’imposante silhouette d’un Roegadyn apparut à sa place.

« Vous ne croyez pas qu’il est grand temps de vous lever, Amirale ? »

Si certes Eynzahr souriait, la marque de la fatigue sur son visage sali n’avait pas échappé à Merlwyb.

« Combien de temps s’est écoulé ? Que sont devenus nos hommes ?
‒ Cela fait maintenant deux jours, Amirale... Le Triomphe se trouve actuellement dans le détroit de Merlthor. »


Eynzahr relata calmement ce qui s’était passé après que l’Amirale avait perdu connaissance.
Victoire avait été tué par le tir de l’armure magitek. Dans sa chute, Merlwyb s’était cogné la tête. Par chance, les pirates des Bourreaux, qui passaient par là lors de leur repli stratégique, l’avaient trouvée inconsciente et transportée vers un lieu sûr.
Rhoswen, qui était prête à combattre jusqu’au bout, même si cela signifiait une mort certaine pour elle, n’avait dû son salut qu’à l’intervention de Carvallain, le chef de la Horde du kraken, une bande de flibustiers rivaux, qui l’avait prise de force sur son chocobo. Son geste avait été exécuté avec tellement d’adresse, sa monture conduite avec une telle maîtrise, digne des chevaliers d’Ishgard, que la farouche Sirène sanguinaire n’avait pas pu se débattre contre ce ravisseur amical. Ce n’est qu’ensuite que, profondément blessée dans son orgueil, elle avait juré sur son honneur de pirate que Carvallain lui paierait chèrement cette impudence.
Les soldats et les officiers du Maelstrom qui avaient réussi à fuir l’enfer de la plaine de Carteneau s’étaient regroupés avec les autres grandes compagnies dans le Thanalan, où ils avaient pu reformer leurs rangs. Plus tard, ils étaient montés à bord des navires amarrés dans la baie des Vêpres pour rentrer vers Limsa Lominsa.

« Les alchimistes uldiens nous avaient conseillé de ne pas vous déplacer dans l’état où vous étiez... mais vous n’êtes pas le genre de capitaine qui quitte son navire en pleine tempête, n’est-ce pas, Amirale ? »

Cette phrase d’Eynzahr faisait référence à l’habitude que Merlwyb avait de qualifier Limsa Lominsa « d’immense nef de guerre ».
Il savait qu’en digne dirigeante de la cité-État, à la culture et la mentalité de navigateur, l’Amirale n’abandonnerait pas son peuple dans une situation aussi tragique et catastrophique que celle à laquelle ils faisaient face.
Merlwyb était une fois de plus rassurée d’avoir comme bras droit cet homme, qui la comprenait et la connaissait si bien qu’aucun ordre ne lui était nécessaire pour agir comme elle le désirait.

« Au fait qu’en est-il de ces gens ? »

Pour Merlwyb, la signification de cette question coulait de source, mais la surprise qu’elle suscita chez Eynzahr était pour ainsi dire décourageante.

« Ces gens ? De qui parlez-vous au juste, Amirale ? »

Pourtant, l’Amirale se souvenait clairement lui avoir ordonné d’évacuer en priorité certains éléments de leurs unités lorsqu’elle avait décidé du repli du Maelstrom. Comment Eynzahr avait-il pu oublier ?
Cet apparent trou de mémoire de son subordonné la surprenait grandement, mais elle préféra lui laisser croire que sa question était juste une divagation passagère, due au coup qu’elle avait pris sur la tête en tombant.

Les jours suivants passèrent comme les vagues qui viennent inlassablement frapper la coque d’un navire.
Sur sa route en direction de l’île de Vylbrand, l’escadre du Maelstrom croisa nombre d’hommes à la dérive, perdus dans les flots, et les accueillit à bord de ses vaisseaux. Ces naufragés racontèrent comment la chute de fragments de Dalamud avait provoqué des raz de marée dans la baie de Galadion, détruisant de nombreux villages côtiers et éparpillant biens et hommes dans l’immensité de la mer.
Quelle ne fut pas non plus la stupeur des marins limséens lorsqu’ils aperçurent le grand phare de Sirius, symbole de la splendeur de leur nation, défiguré et transpercé par un imposant et sinistre cristal aux reflets jaune-orange.
Ils furent toutefois soulagés en trouvant le chantier naval de Moraby intact, protégé qu’il avait été par la barrière naturelle que forme le cap connu sous le nom de Poigne des Dieux. Ce signe les conforta dans leur croyance que malgré le cataclysme dont ils avaient été les témoins, ils n’avaient pas été complètement abandonnés par les cieux.
Lorsque tous les navires du Maelstrom avaient été amarrés dans le chantier naval, Merlwyb y installa son poste de commandement provisoire, prenant déjà les premières mesures pour venir en aide à son peuple et rebâtir ce qui avait été détruit.

[Récit] Mémoires du septième fléau 1_ss_2

Bien des vies avaient été perdues lors de cette terrible catastrophe.
L’Amirale avait tellement à cœur de secourir les siens et de redonner sa gloire à Limsa Lominsa qu’elle décidait de ne s’épargner aucun effort, passant de nombreuses nuits blanches à planifier les projets de reconstruction. Toutefois, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir régulièrement une pensée, mêlée d’inquiétude et de regret, pour ces combattants dont elle avait perdu la trace lors de la bataille de Carteneau.

La frénésie des travaux de redéveloppement fit que les années s’enchaînèrent rapidement. Bientôt le poste de commandement provisoire ayant perdu sa nécessité, l’état-major du Maelstrom retourna s’installer dans une Limsa Lominsa rebâtie, de nouveau prête à « naviguer ».
Le chantier naval de Moraby retrouva alors sa fonction première, recevant notamment la commande d’un nouveau navire pour la grande compagnie limséenne, pour lequel Merlwyb choisit sans hésiter le nom de Victoire, désirant ne jamais oublier la défaite passée, sa fidèle monture morte au champ de bataille, et ces aventuriers chers à son cœur dont le souvenir devait apparemment la hanter à jamais.
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Message par Gaedon Sorel Mer 16 Déc - 11:55

La sultane et les sept lalafells


Immobile sur la terrasse du palais d’Ul’dah, le regard fixé sur la file ininterrompue de soldats marchant au pas, elle les avait regardés partir il y a plusieurs jours déjà. Comme le veut la tradition, les troupes avaient franchi la porte à l’est de la Cité, celle de Thal, le dieu des morts ; car il épargne, dit-on, ceux qui passent ce seuil symbolique de son royaume.
Nanamo Ul Namo, 17e sultane d’Ul’dah, les avait suivis des yeux bien après que la poussière du Thanalan eut recouvert les traces de leur passage.


À compter de ce jour-là, le comportement de la Sultane s’altéra dramatiquement. Son visage arborait en permanence une expression tendue, ses mouvements trahissaient un malaise perpétuel et elle était incapable de se concentrer sur les affaires politiques. Pour couronner le tout, elle perdit l’appétit de façon alarmante. Sans la présence rassurante de Raubahn Aldynn à ses côtés, la jeune fille était perdue et ses servantes ne savaient que faire pour rasséréner leur maîtresse.
Raubahn était membre du Cartel des Scorpions, l’assemblée censée seconder la maison royale mais qui gouvernait de fait le pays. Cependant, il était avant tout le général de la grande compagnie des Immortels, et il était donc naturel qu’il menât ses troupes dans la bataille contre l’armée garlemaldaise.


« Quelle honte. J’ai bientôt seize ans et je me comporte comme une enfant... »

[Récit] Mémoires du septième fléau 2_ss_1

Elle a beau se faire des reproches, elle ne peut rien avaler aujourd’hui non plus, et elle finit par quitter la table sans avoir touché à son assiette. Ceci n’échappe pas au regard inquiet de Pippin Tarupin, un officier des Immortels et pupille de Raubahn. Il espérait suivre son père adoptif et ses compagnons d’arme dans la plaine de Carteneau, mais son tuteur lui a confié la garde de Nanamo en son absence. Il est douloureusement conscient qu’il échoue complètement à remplir la tâche qui lui incombe.

Ces jours chargés d’inquiétudes mal dissimulées se suivirent et s’éternisèrent ainsi, jusqu’à ce que le moment tant attendu et craint arriva.

« Votre Altesse, nous venons de recevoir un appel par linkshell de l’Alliance Éorzéenne. Les hostilités ont commencé dans la plaine de Carteneau ! »

« Très bien » est la seule réponse donnée par Nanamo à Pippin lorsqu’il lui transmet le message dans la salle de l’assemblée, appelée chambre de l’encens, où elle se trouve. Son manque de réaction n’est pas sans déconcerter le Lalafell, mais le Hyur présent aux côtés de la Sultane n’est pas autrement troublé et s’adresse à elle avec son aplomb habituel.

« Ressaisissez-vous, Majesté. Vous avez des responsabilités. »

L’homme qui parle si familièrement à sa reine se nomme Thancred. Membre du Cénacle du savoir, il est autorisé à aller et venir au palais en tant que conseiller.

« Et de quelle utilité sont donc ces responsabilités pour notre peuple !? »

Elle est parfaitement consciente qu’elle ne fait que passer sur lui la colère née de sa frustration, mais elle ne peut se retenir de crier comme une enfant mal élevée. Thancred, cependant, ne semble pas le moins du monde affecté par son comportement.

« Excellent, il vous reste de l’énergie ! Montrez-en autant lorsque vous prierez à l’Ossuaire d’Arrzaneth devant la statue de Thald. C’est une des étapes essentielles pour invoquer les Douze afin qu’ils sauvent Éorzéa. »


L’invocation des douze Dieux... Voilà le plan mis au point par le sage Louisoix pour empêcher la chute du satellite lunaire Dalamud et la venue du septième fléau. Une tentative désespérée dont la réussite dépend de l’ardeur des prières des Éorzéens. Nanamo se remémore les explications données par le vieil Élézen. Là est la vraie raison pour laquelle Raubahn et les forces alliées sont partis au combat : ils doivent occuper les Impériaux pendant l’accomplissement du rituel.

« Vous êtes peut-être jeune, mais vous vous souciez plus que quiconque du bien-être de vos proches et de votre peuple. Votre désir de les protéger confèrera à vos prières une force qui ne pourra qu’attirer l’attention des Dieux. N’est-ce pas là une responsabilité utile, Votre Altesse ? »

Elle ne répond pas immédiatement.
En vérité, elle a honte de s’être laissé aller. Elle finit par acquiescer silencieusement et sort en courant, Pippin sur ses talons.

« La petite reine s’est enfin décidée à agir », pensa Thancred en souriant.

[Récit] Mémoires du septième fléau 2_ss_2

Nanamo et Pippin sont tous deux agenouillés dans la fraîcheur de l’Ossuaire, priant avec ferveur. Thancred, qui a si bien su motiver la jeune fille, ne les a pas suivis. Il est au Sanctuaire de Milvaneth pour remplir son propre devoir.
La Sultane prie de toute son âme les Dieux jumeaux Nald et Thal, protecteurs d’Ul’dah. Elle les implore de sauver Éorzéa, de défendre la Cité, et de ne pas lui arracher Raubahn.
Les heures passent sans qu’elle le réalise. Les bruits à l’extérieur, les grondements, les fracassements, les cris, rien ne la distrait. Seule sa prière compte.
Alors que le chaos semble s’emparer d’Ul’dah, le socle de la statue de Thal s’illumine subitement, et l’effigie de la divinité est enveloppée dans une colonne de lumière aveuglante. À ce moment-là, elle n’a plus le moindre doute. Elle sait que le Dieu a répondu à son appel ! Étourdie par un déluge de sensations, il lui semble entendre la voix de Louisoix... mais peut-être n’est-ce qu’un rêve ?

« Pour le renouveau d’Éorzéa... »

Allongée sur le sol froid du temple, c’est un bruit de pas qui la réveille après qu’elle a perdu conscience. Près d’elle, Pippin reprend également ses esprits et tente de se relever en secouant la tête.
Encore engourdie par l’expérience, elle regarde distraitement la statue désormais sans éclat lorsque les cris d’un homme la rappellent à la réalité.

« L-la Cité est sens dessus dessous ! Il y a des émeutes dans l’avenue de saphir ! Les gens commencent à piller tout ce qu’ils peuvent ! »

L’homme est visiblement un des occultistes de l’Ordre de Nald’thal. L’air pâle et défait, il est l’image même de la panique. La réaction de Pippin à cette nouvelle est viscérale.

« Votre Altesse, vous êtes en danger ici. Rentrons sans tarder au palais ! »

C’est sans l’ombre d’une hésitation que Nanamo lui répond.

« Nous n’en ferons rien ! »

Elle se relève prestement et regarde autour d’elle. L’Ossuaire d’Arrzaneth est le temple principal des occultistes, et ces derniers se précipitent pour protéger leurs précieuses reliques et leurs livres. Au milieu de cette agitation, elle aperçoit Mumuepo, l’archevêque de l’Ossuaire, en train de donner des ordres à ses subordonnés.

« Ne laissez entrer aucun de ces mécréants ! Si la populace approche, faites-lui goûter de vos sorts les plus destructeurs, et elle comprendra vite quelle est sa place ! »


Enragée par de tels propos, elle interpelle violemment Mumuepo.

« Comment osez-vous menacer la vie de vos concitoyens !? Est-ce là des paroles dignes d’un prêtre ? »

Fulminante, elle continue de plus belle.

« Notre responsabilité est de protéger notre peuple ! Ils sont terrorisés et désespérés ! Nous nous devons de les sauver ! N’y a-t-il personne ici qui nous y aidera ? »

Galvanisé par le courage de sa Sultane prête à faire face à des insurgés, Pippin se range instantanément à ses côtés.

« Je suis à votre service, Ma Reine ! Comptez sur moi comme vous le feriez pour Raubahn ! »

Sa déclaration, malheureusement, n’encourage que le casque d’argent Papashan et cinq jeunes occultistes, des frères à en juger par leur ressemblance. Quant aux autres, ils sont qui paralysés par la peur, qui trop occupés à sauver leurs biens. Nul ne se soucie de la Sultane.
Cela ne l’empêche pas d’avancer bravement dans la Cité, entourée des sept Lalafells. Ils forment un tableau singulier au milieu de l’anarchie qui règne. Les beaux quartiers de la ville sont désormais en proie à la confusion la plus totale, mais ils marchent résolument, jusqu’à ce que Nanamo élève la voix parmi les hurlements des émeutiers saccageant les étalages, les pleurs des marchands apeurés tentant de leur échapper et les cris brisés de parents et d’enfants ayant été séparés.

« Papashan, nous devons attirer leur attention ! »

Le vieux soldat obéit en produisant un flash éblouissant.

« Occultistes, utilisez des sorts bien voyants ! »

Les cinq frères lancent derechef des sorts de feu, de foudre et de glace vers le ciel. La colonne de feu créée par celui portant un bandeau sur l’œil est tellement impressionnante que tous les regards se tournent vers leur petit groupe.

« Pippin, porte-moi ! »

Le jeune homme n’est pas bien grand, même pour un Lalafell, mais il arrive tant bien que mal à soulever la jeune fille sur son épaule, comme son tuteur le fait si souvent. Perchée ainsi sur lui, elle s’adresse à la foule d’une voix forte.

« Entendez-moi, peuple d’Ul’dah ! Entendez-moi, fier peuple du désert !
Le septième fléau est sur nous, et personne en Éorzéa n’est sauf !
Mais nous sommes toujours vivants ! Nous avons encore un avenir ! À quoi vous serviront les richesses volées aujourd’hui si tout ce qui reste demain sont des ruines et des cendres ? Vos seules chances de fortune sont dans la survie, et vous ne survivrez qu’en vous entraidant !
Pensez à ceux que nous avons vus partir ! Pensez au général Raubahn et aux Immortels qui se battent en ce moment même dans la plaine de Carteneau ! Ils risquent leur vie pour protéger notre Cité, pour vous protéger ! Les laisseriez-vous rentrer dans une Ul’dah dévastée ? Si le septième fléau nous frappe, alors nous devrons tenir bon jusqu’à l’arrivée de la prochaine ère astrale ! Ne laissez pas la peur et le désespoir guider vos actes ! Notre pays sera peut-être profondément meurtri, mais tous ensemble, nous pouvons le faire renaître ! »


La ferveur de la petite Sultane a l’effet escompté : les citoyens se calment progressivement et des secours s’organisent.

Les survivants de la bataille de Carteneau rentrèrent quelques jours plus tard, en passant cette fois-ci par la porte de Nald, le dieu des vivants. Hagards, le regard torturé et l’air plus morts que vifs, ils retrouvèrent cependant leur foyer intact.
Il fallait maintenant penser à la reconstruction et les Uldiens y travaillèrent sans relâche. Nanamo n’avait toutefois pas oublié la lâcheté de Mumuepo, et elle finit par ordonner qu’il soit déchu de ses fonctions. Son pouvoir n’étant que symbolique, le décret n’aurait eu aucune répercussion si Pippin n’avait réuni discrètement des preuves suffisantes sur son implication dans des affaires de corruption. Le scandale aurait été trop grand même pour une organisation aussi puissante que l’Ordre de Nald’thal, qui se soumit et l’ancien archevêque fut emprisonné.
C’est le courageux Lalafell au bandeau, assisté de ses quatre frères, qu’elle choisit pour succéder à Mumuepo à la tête de la guilde des occultistes.

Elle repense parfois à ce jour fatidique où le Fléau a frappé Éorzéa. Elle, dont on se gaussait comme d’un pantin sur le trône, avait rempli son devoir de Sultane. Elle sait donc qu’elle sera capable de remplir son dernier devoir.

C’est cette certitude qui lui en donnera la force.
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Message par Gaedon Sorel Mer 16 Déc - 11:58

Après la bataille

La bataille de Carteneau se solda par un lourd bilan humain. Une pluie de débris de Dalamud avait scarifié la plaine à perte de vue. Un paysage apocalyptique... comme si les sept enfers des mythes éorzéens s’étaient matérialisés sur Hydaelyn.

« Kan-E-Senna ! On a trouvé un survivant ! »

À ces mots, l’oracle se retourna. Un soldat de l’Ordre des deux vipères, les traits tirés et l’uniforme couvert de boue, gesticulait vigoureusement.

« Par ici ! Il y a un homme coincé sous une armure magitek ! »

[Récit] Mémoires du septième fléau 3_ss_1

On entendait effectivement un faible râle émanant de sous les entrailles de la carcasse noire encore fumante. La force de cinq hommes eut tôt fait de soulever l’imposante armure, dégageant le malheureux prisonnier.
Mais le soldat n’était ni un homme de l’Ordre, ni même un enrôlé de l’Alliance. Son uniforme noir, de la même couleur que l’armure magitek, trahissait son appartenance à l’armée ennemie : la légion impériale garlemaldaise. Ce garçon à peine sorti de l’adolescence, livide, mort plus qu’à moitié, poussait de sourds gémissements alors que son abdomen saignait abondamment. C’était un Hyur, sans doute originaire de quelque lointaine province, venu se perdre en cette terre inconnue pour y trouver la mort.

« Il respire encore ! Achevons-le ! »

L’un des soldats, un svelte Élézen, avait fait un pas en avant, tirant de son fourreau une épée couleur jade.

« Non ! Impérial ou non, cet homme est un blessé. Je ne saurai tolérer que le sang d’un homme sans défense souille les mains des nôtres. »

Le soldat esquissa un mouvement de protestation, puis se ravisa.
Fermant les yeux, Kan-E-Senna serra dans ses mains Claustrum, son bâton fétiche, une arme en bois pétrifié. Elle concentra son énergie spirituelle avec une expression grave, entonnant le début d’un sort de magie blanche.

« Ô vents purs de la Sylve, venez à moi et soignez les blessures de ce malheureux ! »

Répondant à sa voix douce et susurrante, un vent lumineux enveloppa le soldat à terre. Son expression jusqu’alors crispée par la douleur s’adoucit en un instant.

« Ses jours ne sont plus en danger. Emmenez-le et veillez à ce qu’il soit bien soigné. »

« À vos ordres ! »

Les soldats emportèrent l’homme encore à demi inconscient. Kan-E-Senna continua par la suite de soigner nombre de combattants, ennemis comme alliés, mais le champ de bataille comptait davantage de morts que de blessés.

« Malgré tous ces sacrifices, nous n’avons pas pu éviter le Fléau... »

En tant que dirigeante militaire de Gridania, Kan-E-Senna avait dû envoyer de nombreux hommes au front. Elle qui honnissait les conflits armés avait consenti à faire ce sacrifice uniquement dans l’espoir de prévenir le cataclysme annoncé du septième fléau et de sauver le plus grand nombre.

Hélas, Dalamud avait fini par chuter, et le dragon noir sorti de ses entrailles avait brûlé la terre de ses flammes dévastatrices. Le Fléau n’avait pu être évité... rendant par là même toutes ces morts vaines.

Une fois la bataille terminée, Kan-E était restée à Carteneau pour diriger les opérations d’évacuation des blessés. Elle continuait cependant de se demander en son for intérieur si sa décision avait été la bonne. N’avait-elle pas envoyé des centaines de compatriotes vers une mort certaine pour rien ? Aurait-elle dû se retirer du conflit ?

Bien entendu, elle s’inquiétait aussi pour le sort de sa Cité, en ces jours de trouble. Dans quel état retrouverait-elle Gridania ? Elle avait confié sa protection aux deux autres Oracles, son frère et sa sœur, en sachant qu’ils étaient entourés de nombreux druides expérimentés. Elle songea qu’elle pouvait leur faire confiance, qu’ils prendraient les bonnes décisions si quoi que ce soit survenait. L’aînée des Senna se devait cependant de rester encore sur le champ de bataille, par devoir mais aussi parce qu’elle portait la responsabilité morale des vies qu’elle avait bouleversées en les conduisant au front. Poursuivant les opérations de secours des jours durant, sans aucun repos, elle avait contribué à sauver beaucoup de blessés.

Mais au fil des jours, les survivants se faisaient de plus en plus rares. Les membres des équipes de recherche, animés jusqu’alors par le désir de sauver ceux de leurs camarades qui pouvaient encore l’être, commençaient à exprimer le souhait de rentrer chez eux. Beaucoup avaient laissé femme et enfants derrière eux, et étaient rongés par l’inquiétude.

« C’est la fin... Nous ne trouverons plus de survivants. »

Rassemblant ses généraux, Kan-E-Senna commença à préparer l’ordre de retraite générale.

Mais avant de rentrer, il lui restait une chose à faire. Prise par les opérations de sauvetage, elle n’avait pas eu le temps de le chercher... En se guidant grâce à ses souvenirs et aux réminiscences d’éther, elle errait dans les ruines encore tièdes de la terrible catastrophe, scrutant le sol en quête d’un objet bien précis.

« Ah ! Te voilà enfin... »

Elle se baissa pour ramasser dans un coin d’ombre un bâton cassé en plusieurs morceaux. C’était Tupsimati, l’arme de Louisoix, que la Padjale avait miraculeusement réussi à distinguer au milieu des centaines de débris qui jonchaient le sol. La hampe et le crosseron étaient brisés, mais elle parvint à en réunir tous les fragments.
Bien qu’ignorant son histoire, Kan-E-Senna savait, grâce à sa sensibilité aiguë de Padjale, que l’objet renfermait une force magique particulière. Elle était capable de la ressentir rien qu’en l’effleurant du bout des doigts.

Si, à ce moment précis, le vieux maître était seulement porté disparu, Kan-E-Senna savait qu’il faudrait bientôt se résoudre à l’idée qu’il ne reviendrait plus. Elle avait voulu au moins ramener ce souvenir de lui à ceux qu’il avait guidés jusqu’au moment fatidique, et ce projet avait hanté ses pensées tous ces derniers jours.
C’est alors qu’elle s’apprêtait à ordonner le repli qu’elle avait enfin retrouvé, comme un signe un destin, la houlette du maître sharlayanais. Comme si Louisoix avait guidé ses pas vers cet ultime cadeau qu’il laissait à ses disciples.

De retour à Gridania, Kan-E avait convoqué deux Preux qui prêtaient main-forte aux premières opérations de reconstruction. Yda et Papalymo étaient à l’origine des membres du Cénacle du Savoir, l’organisation fondée par leur maître et compatriote Louisoix Leveilleur.

« J’aimerais vous remettre quelque chose... »

La Padjale sortit un coffre de palissandre finement ouvragé, probablement confectionné par la guilde des menuisiers. Celui-ci renfermait les morceaux de Tupsimati, reconstitué et remis en place.

« Maître Louisoix... »

En voyant les fragments du bâton de leur maître, les deux érudits éclatèrent en sanglots, comme si la vue de l’objet leur avait fait enfin réaliser sa mort. Si l’exubérante Yda était coutumière des épanchements, il était plus rare de voir le cynique Papalymo sortir de sa réserve habituelle, pourtant le Lalafell pleura, lui aussi, à chaudes larmes.

S’étant ressaisi, il évoqua ensuite le passé de l’objet. Le crosseron du bâton, expliqua-t-il, est orné d’une tablette très puissante dont les deux moitiés sont posées symétriquement de chaque côté, et surmonté d’un cor qui serait un trésor sharlayanais. Cette arme était, aussi selon feu son propriétaire, la clef de l’invocation des Douze en Éorzéa.

« L’arme est brisée, mais je serai heureuse de la savoir en sécurité avec vous. Il n’y a sans doute que Louisoix qui savait comment libérer son pouvoir, mais qui sait quel usage on pourrait en faire si elle venait à tomber aux mains de personnes malintentionnées. »

« Merci, Kan-E-Senna. Nous le garderons précieusement. »

« Ce sera un symbole d’espoir pour notre nouveau groupe. »

Les deux érudits lui annoncèrent le récent projet de rassembler les anciens membres du Cénacle du Savoir, l’ordre des Preux de Sharlayan, et ceux de la Voie des Douze, organisation de personnes dotées de capacités spéciales, en une nouvelle entité.

Ce nouveau cercle allait œuvrer pour sauver Éorzéa de la menace des Primordiaux, problème auquel se consacrait Louisoix au cours des derniers mois de sa vie.
Le maître avait certes péri sur la plaine de Carteneau, mais son esprit animait plus vivement que jamais ses disciples. Ils étaient déterminés à poursuivre son ambition. Kan-E-Senna se sentit elle aussi remplie d’une nouvelle énergie grâce à l’enthousiasme des deux Sharlayanais, et à la présence presque perceptible de Louisoix, et décida de faire tout ce qui était en son pouvoir pour leur venir en aide.

Cinq ans après ces événements, Kan-E-Senna se posait encore des questions. Ses décisions rendaient-elles fières les victimes de Carteneau, ou encore Louisoix ?

« Ô Kan-E-Senna ! Le grand conseil des esprits va commencer. »

[Récit] Mémoires du septième fléau 3_ss_2

La Padjale se retourna, le fil de ses pensées interrompu. Un jeune homme vêtu d’une armure de cuir blanche se tenait à ses côtés ; un membre de la garde du Serpent blanc, l’escadron fondé après la catastrophe, sous les ordres directs de l’Oracle aînée. L’homme qu’elle avait jadis sauvé avait intégré cette unité, et se consacrait désormais à la protection rapprochée de celle à qui il devait la vie. Elle lui répondit avec un sourire doux.

« Retournons à la chaire du lotus. »

Comme le jeune soldat, le destin change parfois un ennemi en ami. La compréhension mutuelle et la fraternité peuvent permettre de changer un antagoniste en allié précieux, et une main tendue accomplit souvent plus qu’une arme levée. Pour concrétiser cette renaissance que Louisoix souhaitait du plus profond de son cœur, il faut prier pour les amis défunts, et marcher aux côtés des compagnons nouvellement rencontrés.
Kan-E-Senna reprit d’un air serein le chemin qu’elle connaissait bien, foulant un sol diapré par le jeu des rayons de soleil transperçant les feuillages.
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Message par Gaedon Sorel Mer 16 Déc - 12:00

La naissance d'une meneuse

Le jour de leur première rencontre, elle n’avait encore que douze ans. Lui, en avait dix-sept.
Seuls cinq ans les séparaient, mais pour la jeune Ascilia, Thancred avait déjà l’air d’un véritable adulte.
En l’an 1562 de la sixième ère astrale, Ascilia rejoignit Ul’dah avec son père. Ce dernier était un agent double qui, des années durant, avait fait croire à l'Empire que les résistants mhigois étaient ses pires ennemis alors qu’il était en réalité leur principale source de renseignements. Hélas, il mourut tragiquement dans un accident peu après son arrivée dans la Cité du désert... Ascilia se retrouva soudainement orpheline dans un pays qui lui était totalement inconnu. Elle aurait pu connaître un destin funeste, mais la providence mit sur sa route une belle Miqo’te du nom de F'lhaminn, qui la recueillit et l’éleva comme sa fille.
Thancred, qui était présent au moment où son père périt, fut aussi un soutien précieux pour elle. C’est notamment lui qui lui conseilla d’utiliser un faux nom pour éviter que les troupes impériales retrouvent sa trace. Grand vagabond dans l’âme, ce barde autoproclamé n’était pas souvent à Ul’dah, mais chaque fois qu’il venait en représentation dans le Thanalan, il ne manquait jamais de lui rendre visite.

« Je suis un peu en retard mais... joyeux anniversaire, Minfilia ! »

[Récit] Mémoires du septième fléau 4_ss_1

Elle venait d’avoir dix-huit ans. Cela faisait maintenant plusieurs années qu’elle utilisait le nom de Minfilia et plus personne ne l’appelait Ascilia, pas même son « grand frère » Thancred.
Elle l’ignorait encore, mais la lettre et la dague en mithril qu’il lui remit ce jour-là allaient changer sa vie pour toujours.
Le pli portait la signature de Louisoix Leveilleur. Minfilia était à la fois intriguée par ce nom inconnu et fascinée par l’élégance de sa signature.

« Cette lettre, c’est mon mentor qui l’a écrite. C’est lui qui m’a sorti des rues de Limsa Lominsa et qui m’a inculqué les valeurs nobles qui guident ma vie aujourd’hui. »

« Eh bien, on en apprend tous les jours. J’ignorais que vagabonder au gré de ses humeurs et conter fleurette aux donzelles étaient des valeurs nobles ! »


Bien qu’un peu déstabilisé par la raillerie, Thancred l’invita à décacheter l’enveloppe. Minfilia poussa un soupir, retira le sceau et commença sa lecture. Soudain, sa gorge se serra et ses yeux se figèrent sur le papier.

Il semblerait que le passé ne te soit pas inconnu...

En effet, cela faisait maintenant un peu plus d’un an que Minfilia avait d’étranges visions. Sans savoir pourquoi, elle se retrouvait soudainement plongée dans le passé. Au cours de ces « voyages temporels », elle entendait une voix la guider... la voix d’Hydaelyn.
Ne voulant pas inquiéter sa mère adoptive, elle avait préféré garder le secret. La seule personne à qui elle avait osé se confier, c’était son mystérieux « grand frère ».

« Thancred ! Je t’ai pourtant dit que c’était un secret ! »

Minfilia était furieuse. Elle se sentait trahie.
Thancred lui répondit avec un sérieux qui accusait en lui une profonde émotion.

« Je comprends que tu sois en colère, Minfilia... Mais tu sais, Louisoix est l’un des plus grands érudits de Sharlayan. On peut même dire que c’est un spécialiste de ce qui t’arrive. Souffle un coup et lis la lettre jusqu’au bout. »

Thancred avait pris la bonne décision en choisissant d’en parler à Louisoix Leveilleur. Grâce à sa lettre, Minfilia découvrit que le pouvoir inusuel qui l’habitait s’appelait « l’Écho ». Elle apprit aussi que les personnes possédant ce don apparaissaient chaque fois que le monde était à l’aube d’un danger. Les Preux qui sauvèrent Éorzéa du déluge dévastateur qui menaçait de l’engloutir lors du sixième fléau, les héros de jadis, étaient tous doués de ce pouvoir.
Les textes anciens sont riches d’enseignements, mais les vérités qu’ils décrivent sont parfois altérées. Avec le temps, certains faits sont embellis, déformés, exagérés... Toutefois, le fait que l’Écho soit mentionné à diverses reprises dans différents ouvrages prouve que ce pouvoir existe depuis les temps immémoriaux.
Voilà ce que Louisoix tenait à lui faire savoir.

« I-il est sérieux ? »

Minfilia, qui tenait la lettre entre ses mains, n’arrivait pas à croire ce qu’elle venait de lire.

« Bien sûr qu’il l’est, et moi aussi, je suis convaincu que sa théorie est correcte. Le don que tu as reçu est une des clefs qui nous permettra de sauver le monde du terrible danger qui le menace. »

Thancred poursuivit son explication. Il lui raconta qu’il appartenait au « Cénacle du savoir », une organisation créée par Louisoix, et qu’avec ses alliés, il se battait sans relâche pour empêcher l’empire de Garlemald d’envahir Éorzéa. Il lui révéla aussi qu’il avait été envoyé en mission secrète à Ul’dah lorsque son père eut son « accident », ce qui la surprit énormément.

« Bien sûr, ce n’est pas parce que tu disposes de ce pouvoir que nous allons te demander de sauver le monde. Rassure-toi. Nous tenions simplement à t’informer pour que tu puisses réfléchir à la meilleure façon de mettre à profit ce don. »

C’est ainsi que Minfilia commença à échanger des lettres avec Louisoix. Désireuse d’en savoir plus sur l’Écho, elle se mit également à rassembler et étudier des grimoires anciens. Elle espérait y trouver des indices qui l’aideraient à décider de ce qu’elle allait faire de son pouvoir.
Après mûre réflexion, elle décida de créer une organisation réunissant toutes les personnes douées de l’Écho. Elle se disait qu’ensemble, ils trouveraient forcément un moyen de mettre à profit leur talent. Si Louisoix accueillit la nouvelle avec enthousiasme, il tint toutefois à la mettre en garde.

Par nature, les hommes ont peur de l’inconnu. Le pouvoir que tu possèdes peut susciter l’admiration comme il peut inspirer la terreur. Si tu choisis de réunir ceux qui ont été touchés par la grâce des Dieux, tu dois veiller à ne surtout pas créer l’inquiétude chez les autres.

Minfilia suivit à la lettre les conseils du sage. Afin de ne pas éveiller les soupçons, elle créa une organisation religieuse consacrée –officiellement– à l’étude des phénomènes divins.
Elle n’avait encore que vingt ans lorsque naquit la « Voie des Douze ». Si elle était jeune et inexpérimentée, le soutien apporté par Louisoix et les Preux du Cénacle du savoir permirent à son organisation de connaître le succès escompté. Les personnes douées de l’Écho se manifestèrent petit à petit et les nombreux aventuriers aguerris qui rejoignirent sa cause lui permirent d’effectuer différentes missions en Éorzéa.


Arriva l’an 1572 de la sixième ère astrale.
Les rumeurs entourant le « projet Météore » de Nael van Darnus circulaient en haut lieu, et beaucoup pensaient que le septième fléau était proche.
Après quatre années de correspondance, Minfilia rencontra enfin Louisoix. De visite en Éorzéa pour s’entretenir avec les dirigeants des cités-États, il avait profité de son voyage à Ul’dah pour aller au refuge des sables, le quartier général de la Voie des Douze.

« Enchantée... Même si je dois avouer que ça me fait un peu bizarre de vous dire ça après toutes ces années. »

« C’est vrai que c’est un peu étrange. »


Louisoix répondit à Minfilia en souriant. Plus qu’un érudit face à son élève, on aurait dit un grand-père retrouvant sa petite-fille adorée. Toutefois, les réjouissances furent de courte durée, car la conversation qu’ils eurent par la suite les rappela à la dure réalité.
Il lui expliqua que pour empêcher la chute du satellite Dalamud, il était nécessaire d’utiliser le pouvoir des Douze. Cependant, faire appel à ces divinités était comme invoquer une dizaine de Primordiaux d’un coup en Éorzéa, et il n’était pas exclu que les habitants subissent leur influence et deviennent des subjugués.
D’après Louisoix, la seule solution possible consistait à emprunter leur force tout en empêchant qu’ils se manifestent ici-bas. Pour cela, l’invocateur devrait interrompre son sortilège juste avant que les dieux ne se matérialisent... ce qui lui en coûterait la vie.

Minfilia n’en crut pas ses oreilles. Cet homme qu’elle respectait plus que tout au monde venait de lui dire qu’il allait se sacrifier.

[Récit] Mémoires du septième fléau 4_ss_2

« Non ! Il y a forcément une autre solution ! »

Louisoix sourit et secoua lentement la tête de gauche à droite.

« La fin n’est qu’un nouveau commencement, Minfilia. Avant de nous quitter, j’aimerais te demander une faveur. »

Le Cénacle du Savoir se trouverait bientôt privé de son chef, et Louisoix suggéra à Minfilia de réunir leurs deux organisations pour en créer une nouvelle placée sous sa tutelle.

« Maître Louisoix, je suis incapable de vous remplacer ! Et puis... je ne suis pas faite pour ce rôle. Je ne pourrai jamais endosser de telles responsabilités ! »

À ce moment-là, Minfilia était la seule à savoir ce que Louisoix comptait réellement faire à la plaine de Carteneau. Le sage avait sans doute tenu à garder le secret pour éviter que les autres membres du Cénacle du Savoir n’essaient de le raisonner.

« J’ai conscience de la difficulté de la tâche que je te confie, mais je sais que tu en es capable. Et puis, tu ne seras pas seule. Je suis convaincu que des braves guidés par la volonté de la Lumière te rejoindront. Aie confiance. Aussi sombre soit la nuit, l’aube lui succède toujours... »

Louisoix prononça ces paroles en étreignant les mains de Minfilia.
Quelques jours plus tard, il partit avec les soldats de l’Alliance Éorzéenne sur le front de Carteneau... d’où il ne revint jamais.


Après le septième fléau, Minfilia retrouva son ami Thancred. Elle lui demanda de rassembler les preux du Cénacle du Savoir et leur raconta ce que Louisoix lui avait dit avant de partir. Tous, sans exception, acceptèrent la dernière volonté de leur meneur.

« À compter d’aujourd’hui, nous sommes les Héritiers de la Septième Aube ! »

 
Cinq années ont passé depuis que Minfilia a pris la relève de Louisoix Leveilleur, et c’est désormais à elle qu’incombe le devoir de protéger Éorzéa. Malgré les périodes difficiles, elle a toujours gardé espoir car, au fond d’elle, elle savait que le vœu du sage sharlayanais finirait par se réaliser.

Quelques jours après avoir fêté ses vingt-sept printemps, une âme guidée par la volonté du Cristal-mère entra dans le refuge des sables...
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Message par Gaedon Sorel Mer 16 Déc - 12:01

Sur les traces de Louisoix

Le bateau s’éloignait lentement de la baie, gagnant de la vitesse au fur et à mesure que ses vastes voiles blanches se gonflaient sous le vif vent côtier. En bout de quai, accompagnés de leur père, Alphinaud et Alisaie assistaient au départ du navire à bord duquel se trouvait Louisoix Leveilleur, leur estimé aïeul.
« Il s’en est allé », murmura faiblement Alphinaud, les yeux rivés sur la silhouette fuyante de l’embarcation. Alisaie jeta bien un regard en direction de son frère, mais elle se tut. Ses yeux étaient encore rougis par les larmes.
Chacun des deux jumeaux avait accueilli la nouvelle du départ de leur grand-père à sa façon. Alors que l’un avait fait preuve d’un calme impassible, l’autre s’était répandue en pleurs et en cris. Malgré cela, à les regarder se tenir côte à côte sur le quai, étreignant chacun leur grimoire comme si leur vie en dépendait, il eut été difficile de les distinguer.
Ils n’étaient pas aussi différents qu’ils voulaient bien le croire...

[Récit] Mémoires du septième fléau 5_ss_1

« Même si vous n’aviez pas été admis à l’Académie des arts magiques – ce pour quoi je suis néanmoins très fier de vous – ces présents auraient été vôtres. Tenez, il y en a un pour chacun d’entre vous. Lus ensemble, ces grimoires forment un seul et même tome. Tant que vous vous soutiendrez mutuellement dans vos études, les leçons qu’ils renferment n’auront pas de secrets pour vous. » Les deux ouvrages que Louisoix avait remis à ses petits-enfants quelques heures à peine avant son départ étaient pour le moins curieux. Rédigés de façon à ce que leur contenu ne puisse pas être déchiffré l’un sans l’autre, ils laissaient transparaître l’humour malicieux dont savait parfois faire preuve l’éminent sage sharlayanais derrière ses habituels airs solennels.
« Merci, grand-père. » Alphinaud accepta son grimoire avec grâce et dignité. Dans le même temps, Alisaie reçut le sien de façon distraite, avant d’aussitôt reprendre son entreprise de dissuader Louisoix de prendre la mer.
« Devez-vous vraiment partir, grand-père ? N’y a-t-il rien que nous puissions faire pour vous retenir ?
- Voyons, mon enfant, nous avons déjà suffisamment parlé de cela. »

Un mois avait passé depuis que les jumeaux avaient appris que Louisoix allait quitter Sharlayan pour gagner les rives d’Éorzéa. Il leur avait alors patiemment exposé son dessein, qui était de venir en aide aux habitants de cette terre éloignée pour anticiper le désastreux avènement de la 7e ère ombrale.
Conscient de la fermeté de son grand-père dans sa résolution, Alphinaud avait choisi de dissimuler sa mélancolie et de rester silencieux, contrairement à Alisaie et à Fourchenault, leur père. Alors que la jeune Élézenne tentait de s’opposer au voyage de son grand-père au nom de son amour et de son admiration pour lui, les objections de Fourchenault étaient plutôt de nature politique. Le fils aîné de Louisoix était un membre influent du Forum, l’assemblée de philosophes en charge de diriger Sharlayan, et comme la majorité de ses collègues, farouchement opposé à toute intervention militaire. Dans son esprit, la vocation première des Sharlayanais était de chroniquer les événements survenant à Hydaelyn, pas de s’en mêler.
Quand les hordes de l’empire de Garlemald déferlèrent sur Ala Mhigo, une des six cités-États d’Éorzéa, c’est Fourchenault et ses compagnons qui tentèrent d’engager les pourparlers de paix. Après l’échec des négociations, ils comprirent qu’ils n’avaient pas d’autre choix que d’abandonner leur propre colonie avant qu’elle soit à son tour envahie par les Impériaux. Après cinq années de préparatifs douloureux et fastidieux, leur plan de regagner l’archipel septentrional dont ils étaient originaires fut enfin mis à exécution.
En l’an 1562 de la 6e ère astrale, la Cité de Sharlayan – un centre de l’érudition éorzéenne, situé dans les Basses-terres de Dravania – se transforma en ville fantôme en l’espace d’une seule nuit. Bien que conscients d’avoir pris part à cet exode brutal, les jumeaux n’avaient aucun souvenir de l’épisode, car ils n’étaient encore que des nourrissons à l’époque.
« Père, seuls les sauvages recourent à la guerre » affirma Fourchenault, poursuivant le plaidoyer de sa fille. « C’est une pratique que les sages abhorrent. En tant que Sharlayanais, il en va de notre devoir d’observer et d’archiver le cours de l’histoire, mais en aucun cas de chercher à le modifier. Notre civilisation ne progressera pas au travers de conflits vains mais en transmettant nos connaissances aux générations futures. »
« Je t’ai déjà dit que tu ne me feras pas changer d’avis, Fourchenault » répondit Louisoix, visiblement las. Il avaient eu la même conversation, presque mot pour mot, au moins une douzaine de fois en autant de jours. « Ignorer l’appel à l’aide de ces gens, ce n’est pas de la sagesse, c’est de l’indifférence. Et je crains que ce genre d’attitude passive ne nous fasse guère avancer sur la voie du progrès... Je comprends parfaitement que tu veuilles épargner à ces enfants les horreurs de la guerre, c’est pourquoi je ne vous force nullement à retourner en Éorzéa à mes côtés. La vie nous impose de faire des choix, mais nous devons aussi protéger ce qui nous est cher. » Les deux interlocuteurs refusant tout compromis, la discussion se conclut de la même manière qu’à l’accoutumée.
Alphinaud et Alisaie étaient dotés d’une intelligence exceptionnelle pour des enfants. Ils étaient tellement en avance dans leurs études de théorie de l’éther et autres domaines ésotériques qu’ils avaient tous les deux réussi l’examen d’entrée à l’Académie des arts magiques à l’âge de onze ans.
C’est pourquoi Alphinaud, bien que comprenant la logique de l’argumentation de son père, était conscient que la cause de Louisoix était juste. Le garçon restait silencieux non pas par stoïcisme, mais parce qu’il savait que son manque d’expérience ne ferait qu’entraver la volonté de son grand-père.
Bien qu’aussi vive d’esprit que son frère, Alisaie ne fit pas preuve de la même maturité et donna libre cours à son mécontentement, invectivant intérieurement Alphinaud pour son silence et sa résignation devant la décision de leur grand-père. Comment peut-il rester comme ça sans rien dire !?
Une petite mais néanmoins évidente discorde venait d’apparaître entre les jumeaux.

Le jour funeste arriva bien longtemps après que Louisoix prit la mer et disparut derrière l’horizon. Alphinaud et Alisaie se trouvaient dans l’observatoire de l’Académie des arts magiques en compagnie de leurs professeurs et d’une foule d’autres étudiants. Tous étaient réunis autour de la base du télescope géant, attendant leur tour pour admirer le spectacle menaçant de la lune rouge, Dalamud.
« Dalamud est en train de se briser ! », cria soudain Alisaie, forçant son visage contre l’œilleton du télescope pour ne pas perdre une miette de la scène. La vision offerte par l’ensemble des verres grossissants du dispositif était déformée et floue, mais la destinée de l’astre ne faisait aucun doute – elle pouvait voir sa silhouette pourpre se désagréger au-dessus de Carteneau.
« Quoi !? Il se brise avant même de toucher le sol ?
- C’est impossible ! »

Des murmures empreints d’excitation et des théories élaborées à la va-vite s’élevaient parmi les élèves et les professeurs.
« C’est grand-père ! Il a sauvé Éorzéa ! » Alisaie, les yeux remplis de larmes de joie et de soulagement, se retourna pour trouver le visage de son frère dans la foule. Depuis plusieurs lunes, le sage Urianger envoyait régulièrement des nouvelles des activités de Louisoix aux deux jumeaux. C’est lui qui les avait informés de la présence de leur grand-père dans la plaine de Carteneau, et du déroulement de la bataille qui y faisait toujours rage malgré la catastrophe imminente.
Écartant de l’épaule sa sœur au comble de l’excitation, Alphinaud regarda à son tour à travers la lentille. Bien que l’air était embrumé d’innombrables nuages de fumée et de cendres, il comprit tout de suite qu’Alisaie avait dit vrai. Dalamud n’était plus.
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond... Alphinaud continuait de scruter la scène. L’aura rougeoyante de l’astre avait fait place à une pluie incandescente non moins inquiétante, comme si des larmes de lumière coulaient des cieux. J’ai un mauvais pressentiment...

La spectaculaire agonie de Dalamud provoqua une puissante vague d’énergie éthérée qui rendit toutes les linkshells inutilisables pendant plusieurs jours. Durant cette période, les jumeaux Leveilleur passèrent le plus clair de leur temps à se repasser les événements dans leur tête pour tenter de comprendre ce qui s’était passé. Puis, après plusieurs semaines sans nouvelles, une lettre d’Urianger arriva.
La calligraphie élégante du sage décrivait des abominations que les jumeaux se refusèrent à imaginer. De l’enveloppe craquelée de l’astre avait émergé un dragon ancien dont l’immensité dépassait l’entendement, une incarnation de rage et de flammes qui avait ravagé les terres plusieurs dizaines de malms à la ronde. Sans jamais perdre courage, Louisoix avait persisté dans son plan consistant à invoquer le pouvoir des Douze. Grâce à ce divin soutien, il parvint à bannir la créature et à sauver ainsi Éorzéa.
Cependant, quand les jumeaux arrivèrent à la conclusion du stupéfiant récit d’Urianger, la faible lueur d’espoir qu’ils entretenaient encore avait achevé de s’éteindre.
Sur la plaine dévastée de Carteneau, mon vénérable mentor – votre aïeul bien-aimé – devint alors lumière et s’en alla pour son dernier voyage.
Les épaules tremblantes d’Alphinaud trahissaient son chagrin contenu, tandis qu’Alisaie hurla toute sa peine haut et fort, sans se soucier de qui pourrait l’entendre.

[Récit] Mémoires du septième fléau 5_ss_2

Cinq années plus tard, un autre bateau quittait la baie. Alphinaud et Alisaie se tenaient sur le pont qui tanguait doucement, scrutant la silhouette de leur père qui diminuait peu à peu.
Fraîchement diplômés de l’Académie des arts magiques, les jumeaux Leveilleur avaient désormais seize ans – un âge suffisamment mûr pour être considérés comme adultes dans la société sharlayanaise. C’est pourquoi Fourchenault, même s’il était opposé à leur projet de voyage, ne fit rien pour leur barrer la route quand l’heure du départ sonna.
« C’est notre tour, maintenant », murmura Alphinaud en pensant au jour où Louisoix avait pris la mer.
« Nous marchons sur les traces de grand-père », répondit Alisaie, la tête baissée en signe de respect.
En regardant sa sœur, Alphinaud fut frappé par la différence de nature qui existait entre leurs convictions. Cependant, à les regarder l’un à côté de l’autre, étreignant le bastingage avec ces grimoires identiques accrochés à leur ceinture, bien malin qui eut été capable de les différencier.
Décidément, ils n’étaient pas aussi différents qu’ils le croyaient.
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